En quelques décennies, la musique urbaine est passée du statut de paria à blockbuster. Mais aux États-Unis, pays où sont nés le rap et le hip-hop, cette ascension inexorable est au ralenti. La musique latine gagne en termes de ventes d’albums. Serait-ce dû à un manque d’innovation des artistes ?
USA : Pourquoi dit-on que c’est le pays où est né le rap et le hip-hop ?
Pour comprendre pourquoi les États-Unis sont considérés comme le pays où sont nés le rap et le hip-hop, il est nécessaire de remonter dans le temps et de se plonger dans l’histoire de ces deux genres musicaux et de la culture qui les a inspirés. Le rap et le hip-hop ont une histoire qui remonte aux années 1970, dans le Bronx, l’un des quartiers les plus défavorisés de New York. C’est là que des jeunes issus des ghettos, tels que DJ Kool Herc et Afrika Bambaataa, ont commencé à organiser des blocks parties, des fêtes de rue où l’on dansait au son de musiques soul, funk ou disco. Ils ont rapidement compris que les danseurs étaient très attirés par les breaks, les moments où les rythmes sont plus marqués et où les chansons laissent une plus grande place aux instruments. Afin d’encourager cette danse, ils ont commencé à isoler ces breaks en utilisant deux platines et un mixer, créant ainsi une nouvelle technique appelée scratch. En parallèle, des rappeurs ont commencé à se produire lors de ces blocks parties, en utilisant leur voix pour improviser des rimes sur les musiques en cours.
Un genre musical devenu une culture aux États-Unis
Le rap et le hip-hop étaient nés, et ils sont rapidement devenus le centre de la culture, avec une influence croissante sur les danses, les graffitis et les codes vestimentaires. Le rap et le hip-hop ont continué à évoluer au fil des années, en combinant de nombreux styles de musique différents, du reggae à l’électro, en passant par la trap et le RnB. De nouvelles stars ont émergé, comme Eminem, Snoop Dogg, Jay-Z ou Drake, et le genre a été récompensé par de nombreux Grammy Awards. Toutefois, il a récemment été constaté une baisse d’intérêt pour ces genres musicaux aux États-Unis, son pays de naissance.
Une baisse des ventes d’albums dans leur pays de naissance
Le rap et le hip-hop représentaient 28 % du marché américain de la musique au cours des neuf premiers mois de 2022. C’est moins que l’an dernier. Plus précisément, selon le Wall Street Journal, sur la base des données de Luminate, le rap et le hip-hop n’ont enregistré que 1% de baisse de ventes d’albums par rapport à la même période en 2021. Cependant, le rap et le hip-hop sont les seuls genres musicaux populaires dans leur pays d’origine à enregistrer une régression. Le rock, la pop, la country et la latino semblent à l’abri de cela, même si leur part de marché est bien inférieure à celle du répertoire dit « urbain ». Le classement hebdomadaire du magazine Billboard des albums les plus vendus confirme ce léger ralentissement de ventes d’albums aux États-Unis. Seulement dix albums de ces genres musicaux ont dominé les charts depuis le début de l’année, dont « Certified Rubber Boy » de Drake », I Never Liked You » de Future et « My Turn » de Lil Baby. Pourtant, ils étaient 15 sur le Billboard 200 en 2021 et 17 en 2020.
Les deux genres devancés par la musique latine
Plusieurs facteurs peuvent expliquer le léger manque d’amour des Américains pour le rap et le hip-hop ces temps-ci. Tout d’abord, l’essor de la musique latino-américaine portée par des artistes tels que Karol G, J. Balvin, Maluma, Rosália et Rauw Alejandro. Mais le champion incontesté de ce genre n’est autre que Benito Antonio Martinez Ocasio, alias Bad Bunny. Cet artiste portoricain a été le plus écouté sur Spotify en 2021, dépassant le célèbre rappeur Drake. Mais il faut savoir que le rap et le hip-hop ont surtout été dépassés par les autres genres à cause de la montée en puissance de TikTok, le réseau social chinois devenu le dictateur des tendances musicales. Le rap et le hip-hop y sont extrêmement populaires, mais ils doivent faire face à un écosystème musical de plus en plus hybride.
Les artistes en manque d’innovation
Le manque d’innovation des géants de la musique urbaine, la rareté des nouvelles révélations et la mort subite de figures montantes (et best-sellers) comme Juice WRLD, Pop Smoke et XXTentacion contribuent également à ce phénomène de régression d’après le journal Wall Street. Ce n’est pas tout, il y a aussi l’évolution démographique des consommateurs de plateformes de streaming musical qui s’y ajoute. Il est bien trop tôt pour enterrer la musique urbaine. Ils continuent de dominer le marché américain du disque, mais aussi dans le monde entier. Des artistes leaders de ces genres tels que Lil Baby et Metro Boomin devraient sortir de nouveaux albums cet automne. Travis Scott, SZA, Frank Ocean et Rihanna devraient tous suivre, mais rien n’a encore été confirmé.
Avec ETX/DailyUp
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