Au sein de la communauté scientifique, de constantes découvertes d’espèces vivantes voient le jour. Nombreux parmi ces animaux prêtent les noms de célébrités dans le domaine de la musique et du cinéma. Cette tendance suscite la désapprobation de certains scientifiques.
La découverte de nouvelles espèces vivantes se poursuit toutes les années
Au sein du contexte actuel marqué par une érosion tangible de la biodiversité, la sphère scientifique dévoile fréquemment de nouvelles espèces vivantes. Curieusement, ces dernières se voient attribuer des noms scientifiques latins, tout en étant souvent baptisées en hommage à d’éminentes personnalités : musique et cinéma. Cette pratique, en apparence anodine, révèle un enjeu plus complexe. L’année 2023 se distingue par une profusion de découvertes d’espèces nouvelles, telles qu’un serpent mangeur d’escargots, un hérisson sans piquants, ou même une baudroie aux mœurs vampiriques. Chaque année, des centaines de nouvelles créatures s’ajoutent au catalogue déjà recensé, qui compte plus de 1,2 million d’espèces, principalement des arthropodes (insectes, crustacés, etc.). Le dernier ajout à cette liste est un serpent d’une longueur de 40 centimètres, vivant dans la forêt amazonienne du Pérou.
Certains êtres vivants portent des noms de stars comme Harrison Ford
Découvert en mai 2022 dans les prairies de montagne du parc national d’Otishi, à une altitude de 3 248 mètres, ce reptile a été officiellement nommé Tachymenoides harrisonfordi. Toutefois, il est plus couramment désigné sous le nom de serpent Harrison Ford, en honneur à l’acteur américain éponyme. Cette reconnaissance revêt une touche d’ironie, sachant qu’Indiana Jones, le personnage qu’il incarne au cinéma depuis 1981, éprouve une peur viscérale envers ces créatures à sang-froid. Contrairement à son rôle fictif, l’authentique Harrison Ford ne souffre pas d’ophiophobie. Son engagement de longue date pour la conservation des êtres vivants, y compris les serpents, via l’ONG Conservation International, dont il est vice-président, a conduit l’équipe de chercheurs à dédier cette nouvelle espèce en son honneur. Ce n’est pas la première fois que Harrison Ford est ainsi honoré. Une espèce d’araignée de Californie (Calponia harrisonfordi) ainsi qu’une espèce de fourmi (Pheidole harrisonfordi) portent également son nom depuis des années.
D’autres grands personnages de la musique et du cinéma suivent cette tendance
Des personnalités telles que Bob Marley, Lady Gaga, David Bowie, Beyoncé, Kurt Cobain, Jackie Chan et Prince ont toutes laissé leur empreinte dans le monde des espèces vivantes. Dans certains cas, cette association s’avère flatteuse, tandis que dans d’autres, elle l’est moins. Kate Winslet a ainsi découvert en 2002 que des chercheurs avaient baptisé une espèce de scarabée en son honneur. Terry Erwin, l’entomologiste derrière cette découverte, cherchait à établir un parallèle entre le sort de ce coléoptère dans les années à venir et celui de Rose DeWitt-Bukater, le personnage joué par l’actrice dans le film Titanic. Les naturalistes estiment qu’entre 8 et 30 millions d’espèces vivantes restent à découvrir sur notre planète. Cependant, il est crucial qu’elles ne disparaissent pas avant d’être répertoriées, alors qu’un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction au cours des prochaines décennies, selon un rapport de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la Biodiversité et les Services Écosystémiques.
Des scientifiques voient mal le fait de nommer des animaux en l’honneur des célébrités
Cette course contre la montre complexifie considérablement le travail des taxonomistes. Ils sont chargés de décrire en détail les nouvelles espèces découvertes et de leur attribuer un nom latin selon le Code international de nomenclature zoologique. Ce dernier prévoit que le nom d’une nouvelle espèce peut être inspiré de sa taille, de sa forme, d’une donnée géographique ou écologique, ou parfois du nom d’une personne à honorer. Traditionnellement, les scientifiques évitent de nommer des espèces en leur propre honneur, mais sont plus enclins à honorer des personnalités. L’utilisation de cette méthode ne manque pas de susciter des débats. Certains scientifiques souhaitent même y mettre un terme, comme l’exposent des auteurs d’un article publié dans la revue Nature Ecology and Evolution en mars. Ils pensent que baptiser des espèces d’après une personne en particulier est difficile à justifier et va à l’encontre des principes d’égalité et de représentation.
Avec ETX/DailyUp
More Stories
« Zepotha » : le film d’horreur purement créé par des internautes TikTok
Le hip-hop issu du Bronx de New York, 50 ans de rayonnement
Video Music Box à New York : le gardien de la mémoire hip-hop